Charles Nicolas Cochin, chargé des Arts auprès du marquis de Marigny, confia en 1766 à Jean-Siméon Chardin l'exécution de deux dessus de porte du salon de musique du château royal de Bellevue, construit sur les hauteurs de Meudon par Louis XV pour Mme de Pompadour. L'artiste, alors âgé de 67 ans, avait acquis un savoir-faire inégalé dans la représentation des choses inanimées, évoluant au cours des ans vers une sobriété de composition toujours plus remarquable. Dans la Musique civile, de registre plutôt champêtre, on distingue au premier plan un violon et son archet, une flûte traversière, un tambourin à sonnailles et une vielle à roue ; au second plan un tambour à timbre, un instrument à vent (clarinette ?) et un cor. Dans la Musique guerrière, on identifie au premier plan un basson avec sa cuivrette, un hautbois sous la partition et deux cymbales posées sur des livres ; au second plan, une paire de timbales avec sa paire de battes, une trompette posées par-dessus et un tambour. Les timbales revêtaient une valeur particulière dans la musique militaire. D'origine allemande, elles étaient autrefois réservées en France aux régiments qui les avaient conquises sur l'ennemi. Sous Louis XV, leur usage s'était systématisé dans les compagnies de la maison du roi, mais il en allait de l'honneur du timbalier de ne pas les laisser prendre l'adversaire. En bas, le tablier de soie avec fleurs de lys et croix du Saint-Esprit qui pend avec ses pompons rappelle le caractère royal de la commande. Les deux toiles furent exposées au Salon de 1767.
Les Attributs de la musique civile et Les Attributs de la musique militaire
Les Attributs de la musique civile
Les Attributs de la musique militaire