Pierre Séguier (1588-1672), nommé chancelier de France en 1635, fut le principal protecteur de Le Brun. Il finança le séjour romain du peintre (1642-1648) et devint par la suite l'un de ses principaux commanditaires. Le Brun qui aurait donné ses propres traits au porteur de parasol, représente le chancelier en grand apparat : somptueux manteau de cérémonie broché d'or, traditionnel mortier de chancelier de France, cordon de l'ordre du Saint-Esprit, deux énormes parasols qui suggèrent un dais, cortège de pages. Claude Nivelon, le premier biographe du peintre, mentionne ainsi le tableau : « Monsieur le chancelier Séguier à cheval, revêtu des riches habits de cérémonie, dans le même état qu'il était à la tête des cours souveraines lorsque l'auguste Infante Marie-Thérèse fit son entrée dans la fameuse ville de Paris », le 26 août 1660. Mais, pour des raisons de style, cette date paraît trop tardive à Jacques Thuillier (1963), qui préfère placer vers 1655 ce tableau, par ailleurs dépourvu de tout détail permettant de le rattacher à un événement précis. Il reste qu'il s'agit d'un exceptionnel portrait d'apparat, destiné à exalter la puissance et le prestige du second personnage de l'Etat, qui s'octroie le privilège de se faire représenter à cheval, comme un souverain. Il existe au musée national de Stockholm une suite de dessins à la plume et au l'avis de la main de Le Brun figurant un cortège, où la feuille correspondant au présent tableau a été remplacée par une copie.