Elève de Guillaume II Coustou, Jean-Baptiste Stouf était sculpteur du Roi depuis son agrément à l'Académie en 1784, et sa réception l'année suivante. Il exposa au Salon de 1785 une Jeune fille affligée (musée du Louvre) qui illustre dès cette époque son goût pour la terre cuite et les sujets expressifs. Les collectionneurs raffinés aimaient ce matériau coloré, propice à la pure virtuosité du modelage, mais aussi à la délicatesse du doigt et de la pensée. Stouf exécuta quelques-unes des plus belles terres cuites de ce dernier quart de siècle, se caractérisant par l'originalité du propos, l'inventivité de la composition, et l'harmonie prodigieuse de la réalisation.En 1798, sa Femme effrayée dun coup de tonnerre qui vient de rompre un arbre à côté d'elle pour reprendre la description du livret du Salon était un sujet neuf en sculpture, évoquant des scènes de la littérature sensible comme Paul et Virginie. Le vêtement à l'antique de la jeune femme, suivant la mode du Directoire, est gonflé par le vent de l'orage, qui rompt le tronc d'arbre et en disperse les brindilles sur le sol. La silhouette est cassée par la violence du souffle, et le visage effrayé par le coup de tonnerre, à la chevelure désordonnée, illustre la confrontation sublime de la faiblesse humaine devant les éléments déchaînés. Le sculpteur a-t-il voulu évoquer les récentes fureurs de l'actualité, lorsque des âmes innocentes étaient ballottées par le vent de l'histoire révolutionnaire ? Image d'esprit romantique, la Femme effrayée dun coup de tonnerre de Stouf est contemporaine des oeuvres de Prudhon et de Girodet.