L'ambassadeur Gérard Araud élu Président de la Société des Amis du Louvre le 11 juin 2024.
Chers Amis,
Le Conseil d’Administration de notre association, que vous venez de renouveler, m’a porté à la présidence de la Société des Amis du Louvre. C’est avec émotion que j’assume cette fonction ; émotion d’abord par rapport à l’institution, le musée du Louvre, que je n’ai cessé d’arpenter depuis le premier jour où mes études m’ont conduit à Paris mais émotion également par rapport à vous tous, qui comptez dans votre diversité, des mécènes, des collectionneurs, des experts et des amoureux de l’art et de notre patrimoine, comme moi.
Diplomate, je le suis de carrière ; diplomate, je le serai aux Amis du Louvre. Je le serai d’abord dans ma conception du rôle de président de l’Association. Je serai à l’écoute ; je serai un bâtisseur de consensus, un agent de compromis. C’est là mon seul agenda caché. J’arrive vierge de tout engagement particulier et de tout préjugé. A chaque pas, je consulterai non seulement notre Conseil d’Administration mais aussi tous les adhérents qui voudront contribuer à nos débats pour trouver le cap qui rencontre le plus large assentiment.
Diplomate, je le suis aussi par mon expérience qui m’a conduit à promouvoir et à faciliter la coopération internationale entre musées du monde entier avec, à chaque fois, la fierté de constater à quel point la France est reconnue non seulement pour le patrimoine qu’elle détient mais aussi pour la compétence des équipes qui animent nos musées. C’est ainsi que j’ai organisé, avec le musée d’Israël à Jérusalem, une exposition sur les ‘’MNR’’ les œuvres spoliées par les nazis dont nous n’avons pas retrouvé les propriétaires légitimes. Une expérience difficile tant les émotions étaient fortes et les obstacles juridiques de taille mais le résultat valait largement ces efforts d’autant que l’exposition se doublait d’un dialogue entre les communautés muséales des deux pays pour dissiper les préjugés et contribuer à la poursuite des recherches.
Mais c’est évidemment aux Etats-Unis que les musées ont été au centre, dirais-je sans exagération, de mes activités culturelles. Ces musées américains si riches d’œuvres et aussi souvent de moyens, toujours intéressés par la coopération avec la France. Je ne manquais jamais dans mes pérégrinations de demander à visiter le musée local dans la certitude d’y découvrir des merveilles mais aussi dans l’espoir de lancer une nouvelle coopération, en particulier en revitalisant le réseau FRAME qui associe douze musées de province français avec autant d’américains. Vous excuserez, je l’espère, cette infidélité au Louvre. Il s’agissait aussi pour moi, en tant que visiteur assidu de musées, d’observer les innovations dans la présentation des collections et dans l’accueil des visiteurs qui, pour certaines, faisaient mon envie. Après tout, les Amis du Louvre, c’est aussi, par la force des choses, l’association des visiteurs réguliers du plus grand musée du monde. Pourquoi ne pas nous faire l’écho de vos vœux dans ces domaines ? Aucun sujet pratique d’accès ou de confort ne me paraît trop prosaïque pour être évoqué.
Laurence des Cars, lorsqu’elle était à la tête du musée d’Orsay, peut témoigner de mon engagement personnel puisque nous avons organisé avec la National Gallery de Washington lorsque j’y étais ambassadeur des exposition consacrées à Frédéric Bazille, à Gustave Caillebotte et à Jean-Baptiste Corot. J’ai noué avec elle des relations suivies fondées sur une estime mutuelle ; elles seront la base d’une coopération qui ne peut qu’être intense dans le respect de la spécificité de nos deux entités. Je n’oublierai jamais que nous sommes, avant tout, au service du Louvre.
Par ailleurs, je suis un homme public. Ne voyez pas dans ces mots étalage de vanité mais la conséquence du triste état du monde qui conduit à faire appel aux experts pour le comprendre. Je voudrais utiliser cet accès aux médias pour faire connaître notre Association d’un public plus large. Le Louvre est le musée le plus visité au monde mais ce n’est pas qu’un avantage, nous le savons. Il ne doit pas devenir la chose des touristes mais rester au service des Français, en particulier des Parisiens. Pour les ramener vers ce qu’ils doivent considérer comme leur musée, il faut donc à la fois faire connaître notre association et présenter à tous les publics des propositions nouvelles et innovantes. Les médias peuvent évidemment nous y aider.
Enfin, je ferai tout pour promouvoir transparence et collégialité dans notre association. Transparence dans son fonctionnement et son processus de décision mais aussi collégialité pour associer le plus grand nombre d’adhérents possibles à nos réflexions. Les médias sociaux peuvent nous y aider. Toute transition dans la direction d’une entreprise, c’est autant la continuité que le renouvellement, continuité d’une action dont cette Association peut être fière et renouvellement quand les circonstances le rendent nécessaire. A cet égard, j’engagerai dans les jours qui viennent une large consultation des membres du Conseil d’Administration et des partenaires de notre association mais je serais intéressé par toutes les suggestions dont vous voudriez me faire part pour améliorer le fonctionnement de notre association. A vos plumes ! (ou votre ordinateur…).
Permettez-moi, pour conclure, de rendre un hommage vibrant à notre président sortant, Louis-Antoine Prat, qui a dirigé ce Conseil pendant deux mandats. On ne fait pas l’éloge de Louis-Antoine Prat : nous connaissons sa compétence de connaisseur et de collectionneur de dessins, nous connaissons aussi sa générosité. J’aurai toujours besoin de ses conseils.
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