Oeuvre de jeunesse en 1588, Cornelis n'a que vingt-six ans ! Le Baptême du Christ est pourtant, déjà, l'une des réussites les plus frappantes et les plus convaincantes du maniérisme harlémois pour ne pas dire hollandais tout court, le tableau valant bien les prouesses utrechtoises d'un Wtewael dans ces mêmes années. C'est bien celle d'un nouveau langage formel qui s'exprime dans toute l'éloquence des provocations. Par une inversion des hiérarchies typiquement maniériste, le sujet du tableau, le baptême du Christ, est en effet relégué à l'arrière-plan, quand le devant de la scène est littéralement occupé par les corps des baptisés, véritable grammaire de poses contournées, de gestes expressifs, de virtuosités académiques (nus fortement dessinés). Les doigts sont crispés, les muscles arqués et l'outrance va jusqu'au détail ultra-vériste caravagesque avant la lettre ! de la plante de pied sale au premier plan, tout au bord du tableau. La profondeur de la scène est magnifiée par un très fort contraste d'ombre et de lumière.