Ces quatre panneaux constituaient, superposés deux par deux, les éléments latéraux dun retable dont le centre était occupé par un Saint Georges combattant le dragon (Chicago, The Art Institute) et une scène (perdue) consacrée à la Vierge ou à la Crucifixion. Ce retable a dû être commandé à Martorell entre 1434 et 1437 par les députés de la Generalidad pour la chapelle de leur palais à Barcelone, qui était dédiée à saint Georges, patron de la Catalogne. A leur arrivée en France, en 1900, ces peintures perdent leur identité catalane et sont présentées en 1902 à l« Exposition des primitifs flamands et dart ancien » de Bruges, puis en 1904 à l« Exposition des primitifs français », comme « école du Midi ». Lannée suivante, en même temps que la Pietà dAvignon, elles sont acquises par les Amis du Louvre sous lappellation « école franco-espagnole ». Les hésitations sur leur attribution, à une époque où se manifeste un nouvel intérêt pour les primitifs, ne sont pas surprenantes, étant donné quelles comptent parmi les chefs-duvre du style gothique international. En effet, des éléments empruntés à lenluminure parisienne en particulier à certaines pages des Limbourg tels que la perspective ascendante de la composition et lextravagante élégance des costumes se juxtaposent à des notations plus réalistes, surtout dans les scènes de martyre. Limportance de ces uvres avait incité lhistorien Bertaux, en 1908, à créer un « Maître de saint Georges », avant que Duran i Sampere ne trouve, en 1928, un document qui permette didentifier ce maître avec Martorell.