Simon Vouet livre ici un de ses portraits de la plus exceptionnelle concentration psychologique, le caractère du modèle n’y est pas étranger. Nonce à Paris de 1634 à 1636, Mazarin est très vite remarqué par Richelieu comme un homme de grand talent. Sans coup férir, le 5 décembre 1642, au lendemain de la mort de Richelieu, il est désigné pour le remplacer, nommé principal ministre d’État et choisi par Louis XIII comme parrain du dauphin, futur Louis XIV. L’exécution du portrait au pastel de Mazarin date des années françaises de l’artiste nommé premier peintre du roi en 1627. Il témoigne d’une certaine pratique du dessin connue par l’anecdote, rapportée par Perrault, selon laquelle Louis XIII fit faire au pastel par Vouet les portraits de la plupart des seigneurs et officiers de sa cour, tout en lui enjoignant de lui enseigner à dessiner et à peindre pour se divertir. Le jeune Mazarin portraituré par Vouet n’est cependant plus le Mazarin légat du pape à Paris car la pourpre cardinalice dont il est revêtu date clairement la feuille d’après le consistoire du 16 décembre 1641, au cours duquel le pape Urbain VIII le crée cardinal-diacre, voire peut-être d’après le 26 février 1642, lorsque Louis XIII, à Valence, lui remet bonnet et barrette. Jusqu’alors le musée du Louvre ne conservait que quatre portraits au pastel de la main de Simon Vouet. Ce Mazarin a pu être acquis par préemption en vente publique grâce à la générosité de la Société des Amis du Louvre et en mémoire de Marc Fumaroli qui présida aux destinées des Amis, fit tant pour le musée et pour la connaissance de l’art et de la littérature de ce XVIIe siècle français qu’il aimait et connaissait si bien.
MAZARIN PAR SIMON VOUET Acquisition Simon Vouet (1590-1649), Portrait du cardinal Jules Mazarin Vers 1642, pierre noire pastel sur papier beige, traits d’encadrement à la plume et encre noire 27,5 x 20 cm. Coll. musée du Louvre, Paris. P